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Le projet Smiles à l’heure italienne

Après Saint Gaudens et les Canaries, c’est à Trieste en Italie que se sont retrouvés les participants du projet Erasmus + Smiles [1].

En tant qu’organisme partenaire de l’Afidel, qui pilote ce projet, la Maison de l’Avenir Comminges Pyrénées a pu prendre part à ce rendez-vous fort en rencontres humaines et en échanges de savoir-faire.

Le projet Smiles, c’est quoi ?

Pour rappel, Smiles est l’acronyme de Supporting Migrants Integration Life Experiences Skills, soit Aider l’intégration des personnes migrantes par la valorisation de leurs expériences et compétences. Tout au long de ce projet, qui doit durer 3 ans et qui a commencé en décembre 2018, 7 structures de différents pays européens (Grèce, Italie, Espagne, Roumanie, Finlande et France) se rencontrent pour échanger sur les bonnes pratiques mises en place par chacune d’elles dans le domaine de l’intégration des populations réfugiées ou en grande vulnérabilité. Au-delà de l’apprentissage des langues, il s’agit aussi d’évoquer les méthodes innovantes que chacun expérimente pour accompagner ces publics en valorisant les savoir-faire acquis au cours de leurs différents parcours de vie.

Du 19 au 21 juin dernier, c’est la coopérative sociale Duemilauno Agenzia Soziale [2] qui a accueilli les équipes participantes. Au-delà d’échanges de pratiques, de visites et de témoignages, cette troisième rencontre a aussi été l’occasion de prendre part à la Conférence Internationale des Firmes Sociales Européennes [3], organisée par le CEFEC [4].

Le travail social à travers l’Europe : une conférence pour aller plus loin

Les 19 et 20 juin, les participants du projet Smiles ont pris part à la 33ème édition de cette conférence du CEFEC. Elle s’est tenue dans un lieu chargé d’histoire : le parc culturel San Giovanni à Trieste. Il s’agit d’un ancien hôpital psychiatrique, où l’éminent psychiatre Franco Basaglia a permis de grandes avancées pour les droits des publics souffrant de pathologies mentales. En effet, c’est là qu’en 1973  une grève pour la reconnaissance du travail des personnes handicapées a bouleversé la représentation de ces publics dans toute l’Italie.

Lors de la conférence, plusieurs coopératives et structures italiennes et européennes ont pu présenter les travaux qu’elles mènent en faveur des plus démunies. Les différents témoignages ont mis en lumière la nécessité de travailler sur plusieurs fronts : les questions sociales et environnementales se rejoignent et trouvent des solutions communes. Richard Mehmed, directeur du Community Wood Recycling [5], au Royaume Uni, a pu en attester, avec le succès de son projet, qui allie le retour à l’emploi de personnes vulnérables et la revalorisation de bois de récupération.

La conférence a également accueilli un groupe de travail spécifique au projet Smiles. Durant cet atelier, les participants se sont penchés sur la notion d’Expériences de Vie et des freins ou facilitateurs à l’intégration des personnes migrantes.

L’accueil des migrants dans un contexte politique difficile

Le séjour s’est poursuivi par la visite de deux lieux dédiés à l’accueil des migrants et portés par Duemilauno Agenzia Soziale.

Le 20 juin, le groupe s’est rendu à Turriaco pour visiter un centre d’accueil et prendre part à une table ronde sur l’accueil des migrants. S’il fait désormais partie du paysage de cette petite ville italienne, ce centre a fait l’objet d’une vive opposition, allant jusqu’à une attaque au cocktail molotov à son ouverture, en 2016. Les personnes accueillies dans la structure ont su trouver leur place auprès de la population, prenant part à des projets de jardinage ou de rénovations de lieux municipaux, comme le stade de la ville. Cependant, le contexte politique italien, particulièrement hostile aux personnes migrantes, ne facilite pas le travail des associations sur le terrain et les place dans un état d’incertitude quant au maintien de leurs moyens d’action.  

Pour son dernier jour en Italie, les participants se sont rendus à Monfalcone, dans la communauté Timavo, qui accueille de jeunes mineurs isolés. Ce fut l’occasion d’entendre les témoignages de ces jeunes, souvent venus d’Afrique, et des personnes qui accompagnent leur intégration sur le territoire. A Monfalcone, ils ont pu trouver des formations adaptées (notamment dans les immenses chantiers navals de la ville) et avancer pas à pas vers plus d’autonomie. Pour autant, l’accueil de ce public nécessite une attention particulière, et chaque professionnel qui témoignait ce jour-là a souligné les difficultés de mener à bien leur mission dans un contexte politique aussi hostile. Cependant, la détermination de ces travailleurs sociaux reste intacte et se pose en exemple pour chacun de nous.